Une double circulation de monnaie, encore une « fake new »
... même les banquiers voient double
Par Bruno Lemaire, club Idées Nation, ancien doyen associé d'HEC
On
se demande parfois où certains pseudo-experts vont chercher leurs informations,
voire leurs fantasmes. Mais quand on voit certaines dépêches de l’AFP il ne
faut plus s’étonner de rien :
« Le gouverneur de la Banque de
France, François Villeroy de Galhau, a prévenu jeudi que la double circulation
en France de l'euro et du franc comme le propose Marine Le Pen serait "un
danger" et pénaliserait "les plus modestes".
"Je me
dois de dire que de telles hypothèses mettraient en danger la confiance dans la
monnaie", a affirmé M. Villeroy de Galhau, lors d'une conférence à la
Banque de France (BdF), en allusion à la proposition du Front national. »
Il n’y a qu’un petit
défaut. Une « double monnaie », une monnaie double, ou une circulation
concomitante de l’euro et d’un France nouveau n’est absolument pas dans les
cartons du projet de Marine Le Pen ni dans celui de Nicolas Dupont-Aignan.
Doit-on rappeler que
ce qui est appelé, improprement peut être, une monnaie
commune, n’’est pas une vraie monnaie, une monnaie qui circule ou qui
servirait de moyen de paiement. Le rapprochement que l’on a pu faire avec l’écu
d’avant 1999 en est un indice évident de plus.
Au sujet de l’écu,
rappelons ceci :
L’écu a servi d’unité de compte entre 1979 et fin 1998. Cette « pseudo monnaie », fondée sur un « panier »
de monnaies réelles, avait pour but de tenter d’éviter de trop grandes fluctuations
entre elles de ces monnaies, telles le mark et le franc. Les banques centrales,
par exemple la banque d’Allemagne et la banque de France, avaient pour mission
d’intervenir sur le cours relatif de leurs monnaies respectives si elles
divergeaient trop de ce qui était autorisé : les fameuses zones de
fluctuation du serpent monétaire.
Les échanges internationaux (import
ou export) étaient éventuellement libellés en écus, mais les véritables
transactions se faisaient soit en mark, soit en francs, soit éventuellement en
une autre vraie monnaie, par exemple le dollar, mais JAMAIS en écu. L’écu était un simple étalon de mesure,
un référentiel pour permettre des
calculs, ou des estimations de valeurs de transaction, une « monnaie
commune » si l’on veut, même si cette monnaie commune N’EST PAS une monnaie. ATTENTION.
L’EURO,
qui a « remplacé » l’ECU en 1999, était LUI une monnaie, qui ne servait
qu’aux transactions internationales dès 1999, avant de remplacer les monnaies
nationales de 12 pays en janvier 2002.
Rappelons une fois de plus, une dernière ? fois,
que si la France retrouve une monnaie nationale différente de l’euro, il faudra
bien qu’elle puisse importer et exporter avec d’autres pays, ce qu’elle a fait
avant l’euro, avant l’écu, et qu’elle fera encore après. C’est ce que font la
Turquie, l’Inde, le Japon, le Canada, le Brésil, les États Unis, la Russie,
etc.
Il y aura donc un ou plusieurs taux de change entre le
franc et les monnaies nationales des autres pays. Parler de monnaie
commune en laissant croire qu’il y aura deux monnaies en circulation dans
le même pays est aussi stupide de croire que la roupie indienne circule au Japon
en même temps que le yen sous seul prétexte que l’Inde commerce avec le Japon.
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