De la compétitivité franco-allemande: comment l'améliorer
Du différentiel de compétitivité
franco-allemand : comment résoudre cette question en gardant la même
monnaie, une monnaie unique ?
Par Bruno
Lemaire, économiste, club Idées Nation
La sortie de l’euro fait peur, et
même si cette peur peut apparaître non justifiée, avoir raison trop tôt, ou
sans convaincre, n’a pas beaucoup d’intérêt – dans tous les sens du mot.
Chacun sait pourtant que la France a
de gros problèmes de compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne, cette différence de compétitivité est évaluée
par un certain nombre d’experts, dont le FMI, à environ 21%. (Une simple comparaison des échanges, exportations vs importations, pour l'année 2016 entre Allemagne et France montrerait un déficit relatif de 19.71%, très proche donc de ces 21%)
Dit autrement, pour que les
produits français soient compétitifs par rapport à des produits allemands de même
nature, il faudrait que les produits allemands soient 21% plus chers.
En dehors d’un changement de parité
entre l’euro français, ou le franc nouveau, et l’euro allemand, ou le mark
nouveau – ce que nos compatriotes ne veulent pas, au moins dans le contexte
actuel – la seule solution, au moins de court terme, serait de mettre une taxe
de 21% sur les produits allemands.
Un produit proposé à 100 euros par
un importateur serait donc proposé à 121 euros aux clients français, une sorte
de super tva en quelque sorte.
Le système Target 2, qui gère les
flux financiers à l’intérieur de l’Union Européenne, pourrait être modifié de
façon à permettre automatiquement cette modification, sans aucune valse ou
modification d’étiquette : les produits « made in germany »
seraient ainsi affectés automatiquement d’un coefficient correcteur de 1,21.
Nul besoin dans ce cas de changer
de monnaie, et les épargnants qui craignent que leurs économies ne soient dépréciées
en cas de sortie de la zone euro n’auraient plus à craindre quoi que ce soit,
sauf bien sûr s’ils pensaient investir en produits allemands.
Petit bémol : ces frais de douane ciblés sont interdits
par l’Union Européenne, comme d’ailleurs le sur-coût de 30 ou 35% que l’on
imposerait à des produits qui seraient réimportés après délocalisation, comme
pour Whirlpool, par exemple.
En d’autres termes, si l’on veut
résoudre la crise actuelle, qui se concrétise par près de 6 millions de
chômeurs et un déficit commercial annuel de près de 50 milliards, il faudra
bien que l’on modifie certaines règles de fonctionnement de l’Union Européenne
actuelle. Il n’est pas indispensable de changer de monnaie, mais il faut alors
modifier autre chose.
Dans le cas contraire, rien ne sera possible.
Bien entendu, ces taxations peuvent
être progressives, et ne s’appliquer que pour des produits que l’on peut ou que
l’on sait encore fabriquer en France, même si nos coûts de production sont
relativement plus importants initialement. Ces taxes pourront par ailleurs être
utilisées, au moins partiellement, pour aider à faire repartir certaines industries
ou certains secteurs d’activité et accompagner ainsi la réindustrialisation
dont nous avons tant besoin. Ou encore à financer les grands projets que Marine
Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan ont annoncé ce jour.
Commentaires
Enregistrer un commentaire