Banque De France, Dettes, et renaissance du franc: du grand n'importe quoi
Encore un expert de plus, Christian
Ménanteau, qui prétend cette fois
parler au nom de la Banque de France en affirmant : « Le coût global du retour au franc serait proche de 650 milliards
d'euros. Le chiffre
surprend, mais c’est parce que l’on parle toujours de la dette publique alors
qu’il y a aussi une forte dette privée. Pour la première, que l’on pourrait
rembourser en franc dévalué de 20 à 30%, la note serait de 30
milliards d'euros par an. »
Rappelons ce que nous avons déjà
dit à propos des dettes publiques et de son remboursement. Le fait que ces
dettes soient détenues aux 2/3 par des « étrangers » n’a aucune
importance juridique, l’important est que les contrats correspondant soient rédigés
à plus de 95%, voire 99%, en droit français. La lex
monetae s’appliquera donc à 95 à 99% des 2200 milliards de dettes, soit à
un montant compris entre 2090 et 2170
milliards d’euros. Le montant à rembourser restera donc inchangé, dès lors
que la parité initiale euro ancien/ franc nouveau sera de 1 pour 1.
Pour le reste, qui varierait
entre 30 et 110 milliards, le surcoût annuel en capital (pour une dépréciation maximale
de 20%, qui représente le différentiel de compétitivité monétaire avec l’Allemagne)
serait de l’ordre de 3 milliards, et le surcoût d’intérêt à 2 ou 3 milliards,
soit un total annuel de 5 à 6 milliards,
bien loin des 30 milliards annoncés
fallacieusement par notre « expert ». Pas très cher payé pour
retrouver notre souveraineté monétaire et une balance commerciale en équilibre
(au lieu du déficit actuel de 50
milliards)
En ce qui concerne les dettes privées,
certains experts, comme Jacques
Sapir, pensent au contraire qu’une dépréciation du franc français de 21% par
rapport à « l’euro germanique, ou au nouveau mark », et de 6à 10% par
rapport à d’autres monnaies internationales serait plutôt un gain qu’une perte.
Enfin, s’il est exact que la France
a dévalué sa monnaie plusieurs fois depuis la guerre, l’histoire, là encore, a
montré que cela n’avait pas nui à sa puissance économique, puisque avant l’instauration
de l’euro la France avait dépassé l’Angleterre et était sur le point de
rattraper l’Allemagne, ce qui est très loin, hélas, de la situation actuelle.
Voilà ce qui réduit une fois de
plus à néant les critiques de ces soi-disant experts téléguidés par les système
actuel, qui a pourtant montré son côté nuisible – pour le bien commun en tout
cas – depuis des décennies.
(Bruno Lemaire, économiste, ancien doyen associé d'HEC)
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