Commerce extérieur et protectionnisme intelligent.
Pour un rééquilibrage des échanges conforme à la
charte de la Havane (ONU)
Bruno Lemaire, Club Idées Nation
Rappels
historiques et méthodologiques.
La France a toujours eu des
échanges importants avec l’extérieur. Il ne s’agit donc nullement de se replier
sur soi mais d’étudier concrètement et sérieusement les conditions de ces
échanges.
Un livre récent (« L'identité
économique de la France » d’O. Todd) suggère d’ailleurs que la France a
été plus souvent protectionniste que laisser-fairiste (cf. Maurice Allais).
Le ‘protectionnisme intelligent’ que nous proposons a pour objectif
principal de rééquilibrer nos échanges extérieurs, avec comme premier critère
l’obtention d’un solde commercial réduit à zéro. Il n’est donc pas question de
vendre à l’étranger plus que nous n’importons, mais nous ne voulons pas non
plus l’inverse, ce qui est pourtant la situation de la France depuis 2003.
C’est d’ailleurs ce que devrait rechercher toute nation, l’équilibre de son commerce international, dans un souci de
coopération qui avait été au cœur de la rédaction par des experts de l’ONU de
la charte de la Havane de 1947. C’est cette charte que les USA ont refusé de
ratifier par la suite dans le cadre du GATT, qui a finalement donné lieu à la
création de l’OMC en 1995 reposant toute entière sur des idées ultra-libérales
ignorant totalement l’esprit de coopération entre nations souhaité par l’ONU à
ses débuts.
L’euro a aggravé nos difficultés
d’équilibre extérieur, mais on peut placer nos premières difficultés réelles à
conserver un solde commercial équilibré vers le milieu des années 1970.
Le libre échange tant vanté par
certains experts a toujours été à géométrie variable, au sens où ce sont les
pays qui y trouvent un avantage, ne fut ce que de court terme ou pour certaines
de leurs entreprises, qui défendent cette position. Ce fut le cas pour le
Royaume Uni face à leurs colonies américaines fin du XVIIIème, afin de tenter
de laisser les futurs USA dans une dépendance commerciale vis-à-vis de la
« mère-patrie ». On pourrait aussi en dire autant pour les USA
actuels, qui souhaiteraient que l’UE soit libre-échangiste, alors qu’eux-mêmes
restent protectionnistes.
Rappelons enfin que pour la
France, en ce qui concerne les dernières données disponibles, le solde
commercial reste très négatif, même s’il est passé de 58.3 milliards en 2014, à
45.7 milliards en 2015, soit une
diminution de 12.6 milliards, à comparer avec une diminution encore plus
importante, 14.6 milliards, de la facture énergétique due essentiellement à une
baisse très importante du prix du baril de pétrole. Cette politique de
libre-échange, qui profite objectivement à certains pays européens, comme
l’Allemagne ou la Hollande, s’avère catastrophique pour nous, et c’est contre
cette catastrophe que le Front National entend lutter, avec des moyens
appropriés et ciblés, dont des mesures
de régulation facilitant la coopération et le rééquilibrage des échanges.
Les mesures proposées.
Les mesures que nous souhaitons
mettre le plus rapidement en place sont de 3 ordres, monétaire – pour avoir une
monnaie adaptée à notre puissance économique – macroéconomique, et
microéconomiques.
Nous ne parlerons pas ici de
notre souveraineté monétaire, qui fait l’objet d’un autre dossier.
En ce qui concerne les mesures
macro-économiques, ou globales, la prise en compte de cotisations salariales
par l’Etat, à concurrence d’une dépense supplémentaire brute de 20 milliards,
compensée par une contribution spéciale d’une douzaine de milliards affectant
certains produits importés, et par une augmentation automatique des taxes
perçues, d’environ 8 milliards fera partie de cette panoplie globale.
Une autre mesure, qui pourra se
décliner à la fois au plan global mais aussi au plan plus micro-économique des
bassins d’emploi, des filières ainsi qu’au niveau des entreprises elles-mêmes,
sera l’instauration d’un ou plusieurs marchés de « droits à importer », dont la philosophie est proche des
« droits à polluer » ou des « droits carbone ».
De fait il s’agit de faire en
sorte que tout importateur ait intérêt, pour développer son activité, à se
rapprocher d’un ou de plusieurs exportateurs. Ces droits à importer peuvent
faire l’objet d’accords de gré à gré,
comme si l’entreprise ou les entreprises concernées formaient une
macro-entreprise d’import-export ayant pour but d’équilibrer elle-même ses
échanges. Mais ces droits à importer peuvent aussi être débattus et contractés
sur des marchés beaucoup plus ouverts,
plus proches des marchés financiers traditionnels. Ils peuvent aussi, sur des
marchés ou des secteurs spécifiques, prendre la forme de droits de douane plus
traditionnels, mais plus délicats à mettre en œuvre, vu la tentation des pays
concernés de prendre des mesures symétriques de ‘rétorsion’, qui n’ont pas lieu
d’être dans le cadre des « droits à importer ».
En guise de conclusion, notons
que notre démarche est une démarche d’appel à la coopération entre nations,
puisque sur le long terme la compétition féroce entre nations voulue par la
doxa ultra-libérale favorisant les entreprises les plus anti-sociales ne peut
donner lieu qu’à une guerre économique de plus en plus féroce, puisque, à
l’évidence, les déséquilibres des uns font les déficits des autres.
« La mondialisation est une des
causes majeures du chômage massif … et des inégalités qui ne cessent de se
développer ». Maurice Allais, prix Nobel Français d’économie. Le rééquilibrage
que nous proposons sous le nom de protectionnisme intelligent n’est pour nous
que la seule façon de lutter contre le mondialisme mercantile, qui consiste à faire
fabriquer par des esclaves pour vendre à des chômeurs !
Rappelons
aussi que les Français sont favorables à 70% au
protectionnisme selon le sondage « Les Français, le protectionnisme et le libre
échange » fait par l’IFOP en 2011 . C’est aussi le cas de la majorité des
Italiens, des Espagnols et des Allemands (sondage IFOP « les Européens, le
protectionnisme et le libre échange ») Mais cela concerne les classes
d’européens les plus touchés par le mondialisme,
les classes moyennes et les classes populaires !
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